Etre seul signifie être coupé de, sans être du tout en mesure d’exercer mes facultés humaines.
Dès lors, être seul signifie être démuni, incapable de saisir le monde – objets et personnes – activement; cela signifie que le monde peut m’envahir sans qu’il soit en mon pouvoir de réagir.
De plus, elle suscite un sentiment de honte et de culpabilité: sentiment qui s’exprime dans l’histoire biblique d’Adam et Ève.
Après avoir mangé de l’« arbre de la connaissance du bien et du mal », après avoir désobéi, après leur naissance comme êtres humains – ils virent «qu’ils étaient nus – et ils eurent honte ».
Devenus conscients d’eux-mêmes et l’un de l’autre, l’homme et la femme prennent aussi conscience de leur séparation et de leur différence, dans la mesure où ils appartiennent à des sexes différents.
Mais tout en reconnaissant leur séparation, ils restent étrangers parce qu’ils n’ont pas encore appris à s’aimer l’un l’autre (ce qui est aussi mis en lumière par le fait qu’Adam se défend en blâmant Ève plutôt qu’en essayant de la défendre).
La conscience de la séparation humaine, sans réunion par l’amour – est source de honte. Elle est en même temps source de culpabilité et d’angoisse.
Ainsi donc, le besoin le plus profond de l’homme est de surmonter sa séparation, de fuir la prison de sa solitude.
L’homme, – de tout âge et de toute culture – se trouve confronté à la solution d’un seul et même problème: comment surmonter la séparation, comment accomplir l’union, comment transcender sa propre vie individuelle et trouver l’unicité?
Rony Akrich
L’art d’aimer (3/3 parties)
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